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La marque Berkley marque l’histoire motocycliste européenne dès 1905 avec son bicylindre révolutionnaire de 616 cm3. Nous vous présentons cette pionnière méconnue, de sa genèse belge aux innovations techniques qui ont influencé l’industrie, jusqu’à sa redécouverte contemporaine par les collectionneurs passionnés.

Ce qu'il faut retenir :

🚀 Innovation Berkley introduit un bicylindre vertical 4 temps avec soupapes latérales, révolutionnant la conception moteur en 1905.
🎯 Unique Ce moteur se distingue par sa configuration verticale, équilibrée, et ses innovations en distribution et refroidissement par air.
🛠️ Technique Le calage à 360°, la lubrification par barbotage, et la transmission par courroie assurent un fonctionnement plus fluide et fiable.
🏆 Héritage Les innovations Berkley influencent l'industrie, avec adoption par Triumph, Royal Consort, et intégration dans des modèles italiens comme Prinetti e Stucchi.
🎖️ Collection Les modèles rares, souvent en état d'origine, sont très prisés, atteignant jusqu'à 120 000 € aux enchères, symboles de leur valeur historique.
🔍 Restauration Vérifiez l'authenticité, l'état des pièces d'origine, notamment le carter, la gravure NC, et le système de distribution pour préserver leur valeur.

📜 Genèse et accueil de la Berkley bicylindre en 1905

La marque Berkley surgit dans le paysage motocycliste européen grâce aux efforts de N.C. Nielsen, qui fonde The Bercley Cycle and Motor Works à Bruxelles en 1904. Cette firme anglophile mise rapidement sur l’innovation technique en développant son modèle bicylindre de 616 cm3, présenté au Stanley Show de Londres dès 1905. L’ingénieur Gustave Kindermans conçoit ce moteur révolutionnaire qui se distingue radicalement des configurations en V alors dominantes sur le marché européen et américain.

Étape Date Événement
Création de la marque 1904 Fondation par N.C. Nielsen à Bruxelles
Dépôt du brevet 1904 Système de soupapes latérales innovant
Premier prototype Fin 1904 Développement du bicylindre de 616 cm3
Présentation publique 1905 Stanley Show de Londres
Production commerciale 1905-1907 Fabrication en série limitée

Contexte historique de la marque et conception du modèle

Le début du XXe siècle marque une période d’expérimentation intense dans l’industrie motocycliste. Les constructeurs européens explorent diverses solutions techniques, tandis que les soupapes automatiques dominent encore largement le marché. La plupart des bicylindres adoptent une configuration en V pour optimiser l’encombrement et la simplicité de fabrication. Berkley rompt avec cette tendance en optant pour un bicylindre vertical à quatre temps, refroidi par air.

💡 La Berkley bicylindre de 1905 est l’un des premiers moteurs à adopter une architecture verticalement calée à 360°, une configuration rare pour l’époque, qui contribue à réduire les vibrations.

Gustave Kindermans conçoit ce moteur avec un vilebrequin calé à 360° tournant sur trois paliers, une sophistication rare pour l’époque. Le système de distribution utilise des soupapes latérales actionnées par deux arbres transversaux positionnés devant et derrière les cylindres. Cette architecture audacieuse répond à plusieurs contraintes : réduire les vibrations inhérentes aux monocylindres, optimiser le rendement volumétrique et positionner la marque sur le segment haut de gamme. Berkley applique cette philosophie technique depuis ses premiers monocylindres de 350 et 370 cm3 développés en 1904.

Le choix du bicylindre vertical s’explique par la recherche d’un équilibre moteur supérieur et d’une compacité optimale. Les dimensions de 70 x 80 mm offrent un compromis entre puissance et souplesse d’utilisation. Le carburateur Longuemare alimente le moteur, tandis que la transmission directe par courroie assure la liaison avec la roue arrière, conformément aux standards de l’époque.

💡 Gustave Kindermans a conçu le moteur avec un vilebrequin sur trois paliers et des soupapes latérales actionnées par deux arbres transversaux, une innovation technique majeure qui influence encore l’ingénierie motocycliste.

Première réception critique et anecdotes marquantes

La presse spécialisée de 1905 salue l’innovation technique de la Berkley bicylindre, particulièrement son architecture moteur moderne. Les journalistes britanniques du Stanley Show soulignent la finition exemplaire et la sophistication du système de distribution. Cependant, le prix élevé limite sa diffusion commerciale, la positionnant comme une machine d’exception réservée à une clientèle exigeante et fortunée.

Deux anecdotes marquent les débuts de la Berkley. La première concerne un essai mémorable effectué par un journaliste londonien qui, habitué aux vibrations des monocylindres, s’étonne de la douceur de fonctionnement du bicylindre vertical. La seconde relate un problème inattendu lors du salon : le moteur refuse de démarrer devant les visiteurs, avant qu’un mécanicien découvre un simple problème de carburation lié à l’altitude de l’exposition.

  • Points forts relevés : maniabilité remarquable, absence de vibrations, finition soignée
  • Critiques formulées : coût de fabrication élevé, complexité du moteur, difficultés d’entretien
  • Performance : 127 kg pour un bicylindre de 616 cm3, rapport poids-puissance compétitif
  • Fiabilité : système de lubrification perfectible selon les premiers utilisateurs

🚗 Innovations techniques et spécificités du moteur bicylindre

Le moteur Berkley bicylindre révolutionne l’approche technique de 1905 par son architecture verticale quatre temps et ses innovations en matière de refroidissement et de distribution. Contrairement aux configurations en V privilégiées par la concurrence, Berkley adopte un positionnement vertical des cylindres pour optimiser l’équilibrage et réduire l’encombrement transversal. Le système de lubrification par barbotage et le refroidissement par air représentent des choix techniques audacieux pour l’époque.

Cette conception révolutionnaire séduit rapidement d’autres constructeurs européens. La marque britannique Royal Consort adopte les moteurs Berkley dès 1906, tandis que Triumph teste le bicylindre en 1909. Hugh Mason, vainqueur du TT Junior en 1913, utilise une Berkley coursifiée sous le label HM jusqu’en 1912. En Italie, le pionnier Prinetti e Stucchi intègre les monocylindres et bicylindres Berkley dans son catalogue 1906, illustrant l’influence technique de cette marque belge sur l’industrie motocycliste européenne.

💡 La conception du moteur Berkley, avec ses cylindres refroidis par air et ses soupapes latérales, a permis de réduire les vibrations et d’augmenter la fiabilité, inspirant plusieurs grands constructeurs européens.

Architecture et fonctionnement du bicylindre

Le cycle quatre temps du moteur Berkley repose sur une architecture sophistiquée avec des soupapes latérales commandées par deux arbres transversaux distincts. Cette configuration facilite l’accès pour l’entretien tout en optimisant le remplissage et l’échappement des cylindres. Le refroidissement par air s’effectue grâce à des ailettes de dissipation usinées directement dans les cylindres, une solution efficace pour les vitesses modérées de l’époque.

Le calage des deux pistons à 360° assure un équilibrage remarquable des forces d’inertie, réduisant considérablement les vibrations transmises au cadre. Cette disposition technique, inhabituelle pour l’époque, permet un fonctionnement plus lisse qu’avec les monocylindres contemporains. Le vilebrequin sur trois paliers renforce la rigidité de l’ensemble et limite les flexions, contribuant à la longévité du moteur. Après avoir expliqué l’importance de la cylindrée dans le rendement moteur, l’impact de la cylindrée MotoGP sur la performance des motos illustre cette relation fondamentale dans le contexte moderne.

La lubrification par barbotage utilise un carter fermé où les pièces mobiles puisent l’huile par immersion partielle. Ce système rudimentaire mais fiable nécessite un niveau d’huile constant et un contrôle régulier. La transmission directe par courroie élimine les pertes mécaniques d’un système pignon-chaîne, offrant une liaison souple entre moteur et roue motrice, idéale pour absorber les irrégularités du couple moteur.

Comparaison avec les motos contemporaines

Face à la concurrence de 1905, la Berkley bicylindre surpasse nettement les performances des monocylindres standard. Ses caractéristiques techniques la positionnent comme une machine d’avant-garde, malgré un coût de production élevé qui limite sa diffusion commerciale.

  • Puissance : environ 5-6 CV pour 616 cm3, supérieure aux monocylindres de cylindrée équivalente
  • Poids total : 127 kg, comparable aux machines concurrentes de même gamme
  • Couple moteur : plus régulier grâce au bicylindre, réduisant les à-coups en conduite
  • Vitesse maximale : estimée à 65-70 km/h, performante pour l’époque
  • Consommation : environ 3-4 litres aux 100 km, raisonnable pour un bicylindre

Les avantages manifestes incluent le lissage du couple moteur, l’absence quasi totale de vibrations et une fiabilité accrue grâce à la répartition des contraintes sur deux cylindres. L’équilibrage supérieur améliore le confort de conduite et réduit la fatigue du conducteur lors des trajets prolongés. Cependant, la complexité technique génère des coûts de fabrication substantiels et complique l’entretien pour les mécaniciens peu formés aux bicylindres.

💡 La rareté des modèles originaux de Berkley en fait des objets de collection très prisés, avec des prix pouvant atteindre jusqu’à 120 000 euros lors des ventes aux enchères.

Dans la hiérarchie technologique de 1905, Berkley occupe une position de pionnier, anticipant les évolutions futures de l’industrie motocycliste. Cette avance technique influence durablement les constructeurs européens, qui intègrent progressivement les innovations Berkley dans leurs propres développements après 1910.

🔍 Héritage et redécouverte par les collectionneurs

L’influence de la Berkley bicylindre dépasse largement sa courte période de production de 1905 à 1907. Les innovations techniques développées par Gustave Kindermans inspirent une génération de constructeurs européens qui adoptent progressivement les principes de distribution et d’équilibrage moteur mis au point à Bruxelles. Cette postérité technique transforme aujourd’hui ces machines en objets de collection prisés par les passionnés d’histoire motocycliste.

Le marché contemporain valorise ces rarissimes exemplaires survivants, estimés à moins de quinze unités mondiales documentées. Les collectionneurs recherchent particulièrement les modèles conservant leur moteur d’origine, même si certains exemplaires montent des parties cycle d’époque mais d’origine différente, comme le témoignage historique de François-Marie Dumas le confirme pour plusieurs machines référencées.

Impact sur l’industrie motocycliste

Les innovations Berkley marquent durablement l’évolution technique des bicylindres européens. Le système de soupapes latérales commandées par arbres transversaux inspire directement les ingénieurs FN pour leurs célèbres quatre-cylindres, notamment le modèle qui révolutionne le marché belge après 1910. Cette filiation technique démontre l’influence persistante des solutions développées par l’équipe de Nielsen et Kindermans.

Royal Consort, marque britannique éphémère, commercialise des monocylindres et bicylindres équipés de moteurs Berkley en 1906, validant la pertinence technique de ces mécaniques. Triumph, constructeur déjà réputé, teste le bicylindre Berkley en 1909 avant de développer ses propres solutions multi-cylindres. Hugh Mason, pilote renommé et employé chez NUT, utilise une Berkley préparée en compétition jusqu’en 1912, démontrant les qualités sportives inherentes à cette architecture.

En Italie, Prinetti e Stucchi intègre les moteurs Berkley dans sa gamme 1906, illustrant la reconnaissance internationale de ces mécaniques. Une photographie d’archives montre Carlo Guzzi au guidon d’une Prinetti-Stucchi équipée du bicylindre Berkley à Mandello del Lario, lieu emblématique qui accueillera plus tard la manufacture Moto Guzzi. Cette anecdote symbolise la transmission du savoir-faire technique entre les pionniers du début du siècle et les grandes marques italiennes ultérieures.

Restauration et disponibilité des modèles d’époque

Le marché actuel des Berkley bicylindre reflète leur rareté extrême, avec des prix atteignant 80 000 à 120 000 euros lors des ventes aux enchères pour les exemplaires authentifiés. Les collectionneurs privilégient les machines conservant leur référence d’origine NC (initiales de Nielsen) gravée sur le carter moteur droit. Cette identification reste l’unique moyen de certification pour des moteurs produits en série limitée artisanale.

La restauration spécialisée nécessite des compétences rares car les pièces détachées n’existent plus depuis un siècle. Les restaurateurs expérimentés recommandent de conserver prioritairement le bloc moteur d’origine, même endommagé, plutôt que d’accepter des substitutions. Les suspensions complexes à biellettes et ressorts de compensation, souvent signées LAC ou London Autocar & Co, demandent un savoir-faire particulier pour retrouver leur fonctionnement optimal.

  • État du carter moteur : vérifier l’absence de fissures sur les paliers de vilebrequin
  • Authenticité des numéros : contrôler la gravure NC originale sur la face droite du moteur
  • Système de distribution : inspecter l’usure des arbres transversaux de commande de soupapes
  • Transmission par courroie : s’assurer de l’état des poulies et du tendeur d’origine
  • Suspension avant : vérifier le fonctionnement des biellettes et ressorts de compensation